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La salle des mariages de Jean Cocteau
Lorsqu’au courant de l’année 1958, les cortèges nuptiaux se transportèrent d’une salle sans cachet particulier du rez-de-chaussée de la mairie à la nouvelle salle (ancien local des tribunaux) décorée par Jean Cocteau, la célébration des mariages des jeunes Mentonnais, prit un caractère plus solennel.
Citons le poète : « Contrairement à une chapelle, qui doit être nue et vêtue de sa seule innocence, une salle des mariages civils doit présenter quelque faste »… « Je m’inspire de la vertu magnifiante avec laquelle l’émotion, la timidité du couple lui montrent un temple laïc, d’apparence habituellement assez froide et le lui grave dans la mémoire. Rien ne porte au songe le cortège qui pénètre dans une mairie. Rien ne lui offre la chance des candélabres, de l’encens et des orgues. Je me suis donc attaché, faute de mieux, à lui suggérer quelque pompe. Un chemin de peau de panthère, apte à transcender les sièges de l’omnibus familial de mon enfance, qui nous conduisait chaque dimanche à l’église de Maisons-Laffitte, des torchères rappelant la figue de barbarie et les aloès qui hérissent nos jardins de trophées sauvages, l’or à la feuille du 17e siècle, les fauteuils et les chaises espagnoles d’une étoffe rouge, cloutés de cuivre, les miroirs gravés, les jardinières de bambous et les traditionnelles plantes vertes du vestibule, voilà l’ensemble qui m’aide à rendre moins sévère la rigueur du Code Napoléon ».
C’est une évidence, une salle des mariages sert à célébrer des mariages ; la longue citation qui précède, nous montre bien que Cocteau prenait conscience du caractère utilitaire de son travail. Mais une salle des mariages décorée par Cocteau est avant tout une œuvre d’art. En tant que telle, les études qui lui sont dédiées sont nombreuses ; citons le romancier Dominique Fernandez :
« Hostile au fond de lui-même à l’éloquence florale de la Belle Epoque, séduit par le graphisme linéaire de son ami Picasso, Cocteau se décida pour un style laconique, dépouillé, plus semblable à l’épure des vases grecs qu’aux tarabiscotages Liberty ».
Ou encore le poète Louis Nicolas Amoretti :
« L’exubérance méditerranéenne de ce sanctuaire éclate sur un panneau qui devient scène de théâtre, de mime, de pantomime, de parade, de danse. L’éros y crée une atmosphère légère, parfumée et vibre dans le jeu des spirales qu’une antique tradition cycladique, crétoise, mycénienne, a introduite dans l’art des céramistes »….« Les fresques narratives des parois ont cette spontanéité et cette candeur des œuvres narratives du quattrocento. Réminiscence des plus improbables mais retour aux sources naïves où le dramatique, le théâtral et l’élégance formelle dans les figures fusionnent pour composer un récit aux lisières de la fable et de la réalité ».
Le sujet est inépuisable tant il mêle la personnalité de l’artiste « du plus loin que je m’en souvienne, j’ai toujours écrit au dessin et dessiné de l’écriture » à la poésie graphique et à la construction mythique de l’œuvre.
La bibliographie concernant le poète est importante. La mission de préfiguration du futur musée Cocteau a recensé pour son fonds documentaire trois cent trente cinq références d’ouvrages majeurs.
Pour ce qui concerne plus particulièrement la salle des mariages, retenons les ouvrages suivants :
- Amoretti L. N, Jean Cocteau et sa poésie graphique à Menton, Les amis des musées, 1997
- Amoretti L. N, Partage de mémoire, SAHM, 2001
- Arnaud C, Jean Cocteau, Gallimard Paris, 2003
- Barthelemy B.- Caizergues P, Jean Cocteau et le Sud : de l’Atlantique à la Méditerranée, ss éd., 1989
- Chanel P, Jean Cocteau, poète graphique, Stock/Chêne, 1975
- Cocteau J, Passé défini T5
- Cocteau J, La salle des mariages, Hôtel de ville de Menton, Editions du Rocher, 1958
- Emboden W. A, Jean Cocteau : dessins, peintures, sculptures, Paris Nathan, 1989
- Fernadez D, Menton, Grasset Paris, 2001
- Frediani J-P, Menton, cité des Arts – La politique culturelle municipale à Menton sous la IVe République, SAHM-Amis des musées, 2007
- Frediani S, Les lieux de mémoire à Menton de 1860 à nos jours, SAHM, 2005
- Linares S, La ligne de Jean Cocteau : quête littéraire et graphique d’une identité, Paris Université de Paris Sorbonne, 1977
- Margerie (de) A. (sous la direction de), 1918-1958 la Côte d’Azur et la modernité, Edition de la réunion des musées nationaux, Paris 1997
- Meunier M, Méditerranée ou les deux visages de Jean Cocteau Paris Debresse, 1960
- Orizet J. (sous la direction de), Menton, Le Cherche Midi Editeur, 1987
- Ramirez F, Cocteau, l’œil architecte, Paris ACR, 2000
- Rochefoucauld (Duchesse de la), Menton, Collection Villes de France, 1962
Jean-Pierre FREDIANI
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