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Le Café de l’Hôtel de Ville de notre Païgran Gazzano
Histoire d’un bel établissement et d’une figure mentonnaise…
Le Café fût crée en 1910, par Ange Gazzano, notre grand-père Angelin,...
L’aventure familiale du Café de l’Hôtel de Ville dura 52 ans et prît fin en 1962 lorsque notre père comprit qu’aucun de ses enfants ne lui succéderait .....
LE CAFÉ DE L’HÔTEL DE VILLE DE NOTRE PAÏGRAN GAZZANO
Je vous parle d’un temps que les moins de soixante ans ne peuvent pas connaître… En ce temps-là, au 24 rue de la République, le Café de l’Hôtel de Ville drainait une clientèle très variée : pêcheurs, employés et usagers de la mairie, habitants du quartier, journalistes de Nice-Matin, chauffeurs des cars du Rapid et quelques célébrités dans les années 50 : Böröcz, qui y travaillait à la création du Festival de Musique (1950), puis Cocteau qui n’avait qu’à traverser la rue depuis la Salle des Mariages qu’il illustrait (1957-58).
Le Café fût crée en 1910, par Ange Gazzano, notre grand-père Angelin, à l’âge de 21 ans. Il était, à l’origine, très peu ouvert sur l’extérieur mais pourvu d’une terrasse avec tonnelle, appréciée car il y avait à l’époque peu de circulation. Sur une photo datant du début 1914, quelques mois avant la guerre, on peut voir notre père Louis (à 3 ans) devant Angelin en costume trois pièces. C’était certainement par respect pour sa clientèle et par considération pour son métier, mais aussi probablement par les bonnes habitudes prises quand il travaillait à l’étude de Maître Corniglion-Molinier, notaire, puis aux Dames-de-France comme comptable, et enfin quand il créa son agence de crédit rue Guyau (il avait imaginé le crédit aux consommateurs bien avant Cetelem) et tout cela avant 22 ans ! Il était tellement créatif que s’il n’avait pas eu ses deux pieds gelés à la guerre on peut supposer qu’il n’aurait cessé d’entreprendre. Reprenant le café au retour du conflit, sa terrible infirmité devait certainement l’entraver et le faire souffrir mais jamais, aux dires de ses amis ou de sa famille, il n’en a parlé. Il était un grand invalide, mais il menait sa vie de dur labeur si normalement qu’il avait réussi à nous faire oublier, voire ignorer, son état. En fait, pour que l’on relativise son handicap, par malice et coquetterie, il avait engagé un garçon de café qui boitait plus que lui, Jean « le Gambin » que pépé a toujours gardé auprès de lui.
A l’époque, on servait essentiellement du vin et du café, qu’Angelin faisait lui-même avec un grand professionnalisme ; c’est dire qu’il ne comptait pas ses heures, d’autant que l’établissement était ouvert tous les jours de l’année, c’était sa conception du commerce.
En 1948 il passa la suite à notre père, Louis, qui avec l’aide de sa femme Hélène (née Giacosa), continua avec les mêmes principes ; mais pour tenir compte du développement du tourisme, il ouvrit largement le Café par de larges baies vitrées et en fit une Brasserie-Glacier.
L’aventure familiale du Café de l’Hôtel de Ville dura 52 ans et prît fin en 1962 lorsque notre père comprit qu’aucun de ses enfants ne lui succéderait ; il créa alors, avec ma soeur Claude Braun, l’agence Immobilia, avenue de Verdun. Angelin, lui, ne pouvait prendre sa retraite et il ouvrit le Bar-Tabac « la Civette » avenue de Verdun, avec sa fille Rosette Viaina où on pût le voir, derrière le comptoir du tabac, participer à la vie du commerce jusqu’à sa mort en 1981.
Parmi les nombreux souvenirs de notre cher païgran il y a les gargantuesques déjeuners des garçons tous les jeudis, où mémé Nathalie, née Putetto, préparait toujours des pâtes faites à la main : tagliarinis, raviolis ou gnocchis. Elle s’y prenait la veille pour les préparer et tous les lits, tables et commodes étaient recouverts de torchons immaculés sur lesquels elle disposait les pâtes au fur et à mesure de leur préparation. Bien que son couvert soit toujours mis, elle ne prenait jamais le temps de s’asseoir étant en permanence en cuisine car pépé exigeait que chaque nouveau service de pâtes (et il y en avait beaucoup) donne lieu à une cuisson nouvelle.
Pour mon frère Charles, à l’origine de ce portrait, comme pour moi, son filleul, notre païgran est un exemple de courage et d’abnégation ; (n’oublions pas que son deuxième fils, Humbert Charles, a terminé général de division aérienne). Pour nous tous Angelin est et restera le « socle » de notre famille.
Gérard et Charles Gazzano
OU CAFÉ DE PAIGRAN GAZZANO
Vou parlou d’un temp qu’u menou de shushant’anne noun poaran nan counoushe… Ent’ aquelou temp, au 24 da carriera da Repùblica, ou « Café de l’Hôtel de Ville » tirava una pràtica pran diversificàia : pescahoù, empiegà e usagé da merìa… e quarque chelebrità d’u anne 50 : Böröcz qu’ha creà ou Festivale da Mùsica, puhi Cocteau qu’ilustrava ra Sara du Mariage.
En 1910, Ange Gazzano, noaishe paigran Angelin, ha metù en piaça ou Café qu’era poc dubert en foara ma qu’avìa un balaoù dam’una tòpia. Angelin se viestìa dam’ un coustum tre pece per marca de respet per ra soua pràtica ma tamben per abitùdine perqué avìa travalhà da ou noutari Coniglion-Molinier, puhi couma coumtàbile da e « Dames de France » e qu’avìa, en seguita, stabilì ra soua agença de créditou per fa crédit ent’ u counsumatoù e tout acò avanch u se 22 anne ! Coura ese revengù da guerra, dam’ u pe gerà, elou ha countunià ou sen travalh ent’ ou Café sensa plagnà-se du se douroù. Avìa fint regneishù à fà-nou scourdà ra soua enfirmità. E, forshi pèr despieche, ha engajà un empiegà que rangueava mai qu’elou, Jouan ou gambin. R’ha sempre servà dam’elou.
A r’épouca, servìan essencialament de ven e de café qu’Angelin preparava da souret dame una granna coumpetença : i metìa tout ou temp que carrìa. Ou Café era dubert tout u jorne, toute r’ann.
En 1948, moun pàire, Louis, dame r’ajutou de sa moulhé Helèna (naishùa Giacosa) ha pilhà ra séguita dou Café e countunià dame u meme prenchipi ma, per tenì cuenti dou desveloupament dou tourismou, ha doushù fa de granne douberture e cambià ou Café devengù una Brassarìa e Guiacìe.
R’aventura da familha dam’ou « Café de l’Hôtel de Ville » ha durà 52 anne e ha fenì en 1962 coura noaishe pàire ha capì que nautre, u se enfante, noun pilherìan ra soua suchecian ; aloura ha creà, dame ma soarre Claudia Braun, r’Agença Immobilia, Avengùa de Verdun. Angelin, elou, noun pouvìa pilha-se ra retreta e ha dubert ou « Bar-Tabac : La Civette », Avengùa de Verdun, dame sa filha Rousetta douna pouvìan ve-rou, darraire ou sen banc, partichipent à ra vita dou coumerchou fint à sa moart en 1981.
Entra tout u noaishe souvenì de paigran stan u grosse diernà per u garçoù, cada jòu, coura maigran Natalina preparava sempre de paste fache à man : tagliarì, ravioare, gnoqui. Coumençava à preparà-re ra vegìlia e tout u lieche, taure e coumode eran cuberte dame de panamà bianque empecabili que rechevìan de man en man e paste que venìan d’esse soutilhàie e talhàie… Noun s’assetava à manjà dame nautre perqué preparava e coundìa sempre un autre prat…
Per moun fraire e pèr mi, paigran sta un esempi de courage e d’abnegacian. Pèr nautre, Angelin es, e sera sempre ou sòcoulou da noaisha familha.
Revirada Solange Mongondry-Barberis
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