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Le carrouge, un véritable « salon de dehors »
Voilà ce que découvraient les voyageurs illustres et raffinés du 19e siècle…
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LE CARROUGE, UN VÉRITABLE « SALON DE DEHORS »
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Si l’on voulait marquer d’un symbole la Ligurie il n’y aurait pas de doutes. Le carrouge résume et représente concrètement ce territoire multiforme. La recherche étymologique nous dit que le mot carrouge ne vient pas du latin carrus mais du médiéval carrobbio. (Ce mot provient du latin quadrivium qui signifie carrefour ; celui-ci est défini par le dictionnaire Garzanti comme une rue étroite, souvent en pente, typique dans les villes et les villages ligures.
Il y a des milliers de carrouge en Ligurie, de Menton, Vintimille jusqu’à Savone. Ils sont situés face à la mer ou encastrés dans les bourgs de montagne, dans un arrière pays encore en grande partie sereinement intacte. Ils sont les uns différents des autres, avec comme unique origine commune l’exiguïté de l’espace carrossable qui crée d’ailleurs des suggestions de tableaux à l’ancienne.
La définition graphique du carrouge est beaucoup plus complexe. En effet quelle différence y a-t-il entre une quelconque ruelle médiévale et le carrouge ligure ? Par quelle magie mystérieuse reconnaît-on notre carrouge en cette sorte de sentier pavé encastré entre les maisons ; il est quelquefois droit, quelquefois tortueux, plat ou en pente, très souvent riche en marches raides qui grimpent pour se croiser avec d’autres rues ?
Le carrouge n’a jamais été construit par hasard : créé en même temps que le village, il ne fut pas conçu seulement comme un lien entre les maisons, mais apparaît comme un lieu de rencontre, de halte, de repos et, quelquefois, comme un endroit de défense contre les intrus.
Dans les petites villes du bord de mer les carrouge sont entrecoupés par d’autres, perpendiculaires, très souvent formés par des porches et des passages souterrains.
La disposition de cette ruelle tenait compte d’une brise vespérale qui engendrait une ventilation continue apaisant la chaleur estivale de la rue et des maisons. Quelquefois le carrouge perpendiculaire au rivage servait à loger le gros crochet manuel qui servait à amarrer ou lancer des grosses embarcations de pêche ou de cabotage.
Dans les villages perchés, où les maisons sont accrochées au sommet de la montagne ou bien étalées le long de la crête, le schéma du carrouge était lié au thème du labyrinthe. Il créait en certains coins du pays des impasses, pièges réels pour un éventuel assaillant.
Sur la côte il y a des carrouge de décor théâtral ; ce sont ceux que les peintres et les écrivains décrivent avec enthousiasme. Ils faisaient ainsi connaître surtout à l’étranger, notre région. Ils rappelaient l’attention d’un monde touristique qui naissait dans ces années là. Par ironie, une des raisons qui rendirent le carrouge plus suggestif fut justement la juxtaposition de l’arc du contrefort antisismique que les nombreux tremblements de terre du passé rendirent nécessaires… Voilà ce que découvrirent des voyageurs illustres et raffinés d’origine anglaise, allemande, russe… ils furent émerveillés de trouver au cœur de la vieille Europe autant de richesse naturelle. Elle racontait sa propre histoire à travers des châteaux dominant les bourgs, à travers les tours solitaires, les murs d’enceinte des maisons forteresses, les ponts hardis et puissants jetés de rocher en rocher…
De nos jours, il est encore facile de trouver, le soir, sur les marches et sur les petits murs de pierre, des personnes âgées, l’une face à l’autre, en train de parler calmement qui profitent de la brise du soir qui, par bouffées, court le long du carrouge. C’est à ce moment-là, que le carrouge, attentif à faire revivre jour après jour ce rapport humain de convivialité, devient un véritable « salon de dehors ».
Luigina OLIVESI et Manolita PERICAUD
d’après le texte Carruggi racconti du Pietri de Piero Vado (La Casana n°3-1991)
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OU CARROUGE, UN VEROU « SARAN DE DEFOARA »
Ou carrouge se pouhe spiegà couma una carriera strencha, souven en pèndita, tìpica de noaishe vile e vilage.
I san milanta de carrouge en Liguria, de Mentan, Ventemilha fint’à Savona. San situà en facha da marina o encastrà ente bourgade de mountagne dou païs-aut. San toute diferente cada-un du autre. Carrouge e carrougete san de dràie e caladà que courran tra e case dou païs, dreche o nan, entourtilhà, à pian o en pèndita, dame de banquete aute que rampéan e talhan d’autre carriere.
Ou carrouge n’ese mai stach coustruì basta que siegue : creà en meme temp qu’ou vilage, fa un legame entra tout e case, e aparaishe tamben couma un lueg de scontrou, de pausa, de repaus, e quarque vote couma un lueg de defensa coentra u entruse.
Ent’ e pichoune vile de riba de marina, u carrouge san entalhà pèr d’autre, perpendiculari, pran souven fourmà pèr de poùrtigui e de camì souta terra.
A dispousician d’aquestou carrouget pilhava ou courrent d’ària e fasìa aishì una ventilacian countinùa pèr apasià a carou de r’estade da carriera e de case. Quarque vote ou carrouge perpendiculari dou rivage servìa pèr pountelà u crouchete grosse pèr marrà o avarà un goussou de pesca o una tartana de caboutage.
Ent’u vilage aute, douna e case san pountelàie au soubran da mountagna o ben stendùe au long da coala, ou carrouge fasìa couma un laberinte. Fasìa en chertu cantoù dou païs, de capouane, carrouge borni, verou chàpoura pèr assautant eventuale.
S’a coustiera i san e carrouge qu’u pintoù e u scritoù an fach counoushe du rique strangìe maravilhà d’aquele belesse.
Ancuhi, se vehe encara, de sera, su’u banquete o u muralhete de peire, quarque gente d’un age, chalabrounà pian-pian e proufità de r’ària da sera que courre au long du carrouge. Es aquestou moument, qu’ou carrouge, fa revive a counvivialità, e deventa un verou « saran de defouara ».
Revirada Jean-Louis Caserio, Félibre Majoral
Ginette OLIVESI-LORENZI
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Jean-Louis CASERIO
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